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Achives A propos...

… à propos de chiffres contradictoires

19.10.2016 Achives A propos... 0 Commentaire

Le Ministère de l’Education a annoncé en ce début de semaine une augmentation du nombre de germanistes grâce à la réforme des collèges et… la suppression des classes bi-langues anglais-allemand en 6e pour les élèves qui n’ont pas fait d’allemand en primaire. Le nombre des jeunes germanistes aurait progressé de 6 % en un an et ainsi largement dépassé assez significativement le seuil des 15 % (14,5 % en 2015 contre 15,6 % en 2016e) , soit une progression de 1,1% sur l’ensemble des élèves des collèges.

Lire à ce propos la publication d’EurActiv : L’apprentissage de l’allemand-reprend du poil de la bête en France

L’étude de l’ADEAF (l’association des professeurs d’Allemand, Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France) annonçait pour sa part un recul significatif pour cette rentrée. Certes cette étude portait sur un échantillon réduit d’établissements et d’Académies ( un peu plus de 300 établissements). Mais, dans les détails, les éléments remontés du terrain étaient très explicites sur les mécanismes du recul.

Voir notre article sur ce site « A propos d’un gâchis« 

Qui croire ? Qu’en penser ?

Ce 18 octobre l’ADEAF a publié un communiqué qui vend la mèche sur la manipulation qui se dissimule derrière l’annonce du Ministère : 2016 sera une année probablement exceptionnelle où on va cumuler deux classes d’âge (au lieu d’une) qui commencent cette année l’apprentissage d’une LV2 : en 5e (LV2 avancée) et simultanément en 4e (l’ancien dispositif qui court encore cette année).

Autrement dit, le nombre d’élèves débutant une LV2, quelle qu’elle soit, a donc mécaniquement progressé par comparaison avec 2015 et cette augmentation concerne aussi l’allemand. Voilà un effet qui ne se reproduira pas ! Il faut ajouter que la réforme des collèges instaure un nouvel horaire de 5 heures au lieu de 6 sur les deux dernières années du collège, ce qui affaiblit encore plus un apprentissage déjà fortement fragilisé.

Lire le communiqué de presse de l’ADEAF du 18 10 2016

Wait and see,… comme disent la Allemands

C’est sur plusieurs années que le pronostic du recul programmé de l’allemand dans le secondaire français se confirmera ou sera démenti par les faits. La bataille des chiffres actuels est vaine. Mais une chose est certaine : la publication par le Ministère d’un chiffre après seulement quelques semaines de la rentrée, sans nuances ni comparaison avec les autres langues, sent la précipitation et la fanfaronnade politique au moment où  tout semble vouloir décrédibiliser l’action gouvernementale. La hâte d’annoncer un chiffre positif laisse perplexe sur la tranquillité d’esprit de ceux qui ont joué aux apprentis sorciers.

Autre certitude : une étude menée voici quelques années à propos de l’état de l’enseignement de l’allemand dans le secondaire avait clairement démontré qu’à défaut d’une demande sociale d’allemand – de la part des parents et des élèves – aucun dispositif ne garantit de manière absolue le progrès de l’allemand. Les bi-langues ont freiné la chute puis provoqué une légère hausse. Mais le chiffre atteint était fragile et insuffisant.

En d’autres mots, seul l’avenir nous dira si la demande d’allemand reprendra du vrai poil de la bête. En attendant, le problème de fond est moins le nombre des élèves germanistes que la qualité de l’allemand avec laquelle les élèves quittent le secondaire. Ce n’est pas avec le nombre d »heures actuel, ni avec la pédagogie classique des langues en France que le nombre de « vrais » germanistes dont la France a vraiment besoin sera durablement assuré. A la sortie du secondaire, parmi les 14 ou 15 % de germanistes, combien seront assez armés pour affronter le marché du travail où l’allemand est de plus en plus nécessaire ?… sans compter la question de fond : aurons nous encore dans 5 ans assez d’enseignants pour s’occuper de 15, 14, 12 ou même 10 %  de germanistes ? Compte tenu de la moyenne d’âge des professeurs actuels et de l’absence dramatique de candidats au CAPES, on est en droit d’en douter. Si cette évolution perdure, la catastrophe est programmée.


 

 


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