Sélection de notes CERFA
Cette sélection de notes CERFA publiés par l’IFRI éclairent les débats actuels sur l’Allemagne et son évolution
Le « modèle allemand » à l’exportation : pourquoi l’Allemagne exporte-t-elle tant ?
Note du Cerfa, n°57, novembre 2008
Depuis cinq années consécutives, l »Allemagne est champion du monde des exportations de marchandises. Hans Brodersen, professeur associé à HEC Paris, tente d »expliquer ce succès. Pour cela, il revient tout d »abord sur le long processus historique dans lequel s »inscrit le phénomène, s »arrêtant notamment sur la tradition de la Hanse. Il montre ensuite que la vigueur de l »économie allemande repose avant tout sur une puissance industrielle fondée au 19e siècle, à laquelle contribuent l »innovation et le dynamisme des nombreuses PME, mais aussi leur spécialisation dans des secteurs industriels de pointe. Pour finir, l »auteur s »interroge sur ce qui apparaît comme un paradoxe, qui consiste à exporter à partir d »un pays à coût salarial élevé. Sur ce point, il remarque que l »évolution des salaires sur le plan national, combinée à une stratégie de délocalisation vers des pays à faible coût de main d »œuvre, explique la compétitivité de l »industrie allemande.
Hans Brodersen est Professeur associé à HEC Paris.
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La formation professionnelle en Allemagne. Dynamiques socio-économiques et capacités d’adaptation d’un système
Note du Cerfa n°112, mai 2014
Au-delà des indicateurs économiques récurrents, la compétitivité et les performances économiques de l’Allemagne s’appuient sur un pilier de son système social : la formation professionnelle duale. Composée d’une formation technique et de l’acquisition d’une expérience pratique au sein d’une entreprise formatrice ainsi que d’un enseignement général et théorique dispensé complémentairement en école professionnelle, elle valorise le facteur humain dans l’entreprise, permet une insertion professionnelle efficace, précoce et durable des jeunes générations, lesquelles sont ainsi préservées du chômage et se voient offrir des parcours professionnels valorisants. Elle favorise également la transmission d’un niveau élevé de qualification et la progression constante de la compétence professionnelle des salariés dans tous les grands secteurs de l’économie.
Cependant, le système dual se trouve aujourd’hui confronté à deux défis majeurs. Le premier est d’ordre démographique : le faible taux de natalité que connaît l’Allemagne depuis quatre décennies se traduit désormais par une régression effective et continue du potentiel de recrutement et de formation de main-d’œuvre qualifiée. Les stratégies concertées mises en œuvre pour améliorer l’insertion des jeunes sortant du système scolaire dans la formation duale, notamment en adaptant plus efficacement l’offre à la demande, n’ont qu’un impact limité, tandis que la politique visant à élargir le recrutement de jeunes apprentis en provenance d’autres pays de l’Union européenne (UE) ne devrait guère porter ses fruits que dans une décennie.
Le second défi est d’ordre sociologique : les formations plus longues, de niveau universitaire, sont de plus en plus largement préférées par les jeunes aux filières courtes de formation, risquant ainsi de battre en brèche la position prédominante du système dual. Mais loin de contribuer à une éclipse de ce dernier, la montée progressive du nombre de bacheliers et d’étudiants qui s’orientent vers des formations en alternance, offertes en nombre croissant par les entreprises au niveau d’instruction supérieur, témoigne au contraire d’un processus d’extension et de valorisation par le haut de la formation duale. Cette recomposition du système allemand de formation initiale permet de répondre à la double exigence d’une élévation croissante des savoirs et des compétences d’action et d’innovation.
René Lasserre est directeur du Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (CIRAC) et responsable de la rédaction de la revue Regards sur l’économie allemande.
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La grande coalition et le marché du travail en Allemagne
Note du Cerfa, n°50, décembre 2007
La grande coalition qui dirige l’Allemagne est arrivée il y a peu à la mi-temps de son mandat – l’occasion pour le Cerfa de faire le point sur la politique allemande du marché du travail, l’un des grands dossiers du gouvernement outre-Rhin.
Dans un premier temps, les deux auteurs reviennent sur la nouvelle constellation du marché du travail allemand. Puis, après avoir présenté un bilan de la réforme menée par le gouvernement précédent, ils étudient la politique de la grande coalition en la matière. Dans ce cadre, ils constatent notamment que la volonté de réforme de la grande coalition a faibli ou s’est perdue dans des dissenssions internes.
Hermann Scherl est professeur de politique sociale à l’Université de Erlangen-Nürneberg, et Susanne Noll est collaboratrice scientifique au sein de cette même chaire.
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Le marché du travail allemand à l’épreuve du chômage de masse – une analyse des problèmes structurels
Note du Cerfa, n°19, février 2005
Une analyse des évolutions du marché du travail allemand dans une perspective comparative internationale met à jour de graves problèmes structurels. Actuellement, l’Allemagne a dans le domaine de l’emploi un problème de niveau, de développement et de structures. En comparaison avec d’autres États de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et tout particulièrement de l’Union européenne, les performances actuelles du marché du travail allemand sont à qualifier de faibles. Cela n’a pas toujours été le cas. Les performances du marché du travail se sont plutôt détériorées durant les années 90. Le déficit chronique et grandissant en emplois a par ailleurs révélé des problèmes structurels, tel que le chômage de longue durée. Cette contribution présente les diagnostics sur l’évolution du marché de travail allemand à la lumière de comparaisons internationales et propose un panorama des réformes menées dans le domaine des politiques de l’emploi. Il sera montré que ces changements sont encore insuffisants pour améliorer de manière significative et durable les taux d’emploi.
Werner Eichhorst est coordinateurdes recherches comparées sur le marché du travail à l’Institut de recherche sur le marché du travail et l’emploi (IAB) de Nuremberg. Ulrich Walwei est directeur adjoint de l’IAB. Traduction de l’allemand : Patrick Le Bihan
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Dynamiques démographiques en Allemagne : diminution de la population et immigration
Note du Cerfa, n°6, novembre 2003
En Allemagne, les naissances, en baisse depuis trois décennies, permettent de moins en moins de renouveler les générations qui disparaissent, d’où un retour croissant à l’immigration.
Le nombre des personnes de plus de 60 ans devrait augmenter jusqu’en 2050 de 10 millions environ, alors que celui des 20-60 devrait diminuer de 16 millions.
L’explosion démographique des plus âgés et l’implosion démographique des plus jeunes auront et ont déjà d’importantes conséquences sur le système de protection sociale, ainsi que sur la croissance économique. Or, l’immigration ne peut qu’atténuer le vieillissement démographique, non l’arrêter.
Herwig Birg est professeur et directeur de l’Institut de recherche sur la population et la politique sociale de l’Université de Bielefeld (Allemagne).
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La nouvelle politique de l’immigration de l’Allemagne
Note du Cerfa, n°21, avril 2005
En janvier 2005, l’Allemagne s’est dotée d’une nouvelle loi sur l’immigration, qui vise à rendre cette dernière possible « tout en tenant compte des capacités d’accueil » et des « besoins du marché du travail » du pays.
Dans la première partie de son article, Steffen Angenendt s’intéresse aux nombreux questionnements que suscite aujourd’hui encore la loi, puis se demande en quoi elle peut être à l’origine d’une politique de l’immigration stratégique. Il démontre qu’après des débuts difficiles, la loi allemande sur l’immigration, même si elle marque une nette progression par rapport à la situation antérieure, ne remplit toujours pas les objectifs que s’était fixés le ministre de l’Intérieur.
Or pour l’Allemagne, l’enjeu est crucial. Selon l’auteur, il s’agit non seulement d’organiser les courants d’immigration de telle sorte qu’ils soient perçus par les nationaux mais comme un apport positif à leur société, et non comme une menace, mais aussi d’assurer à l’Allemagne sa place en tant que pays dynamique et compétitif pour les années à venir.
Steffen Angenendt est chercheur à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik.
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Voir aussi sur ce site l’article de Brigitte Lestrade :
Allemagne : La politique des retraites – mission impossible ?