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Tribune

Les langues du coeur, les langues de la raison, les langues de communication

6.12.2016 Tribune 1 Commentaire
Barbara Martin-Kubis et Jean-André Vandelannoote

Au début de la scolarité des parents soucieux de l’avenir de leurs enfants se demandent « quelle/s langue/s leur enfant devrait apprendre, afin de permettre un bon démarrage dans la vie professionnelle » et dans la vie tout court ?

Une langue n’est pas seulement un code permettant à un message d’arriver à destination ou une base pour une vie professionnelle. Elle est d’abord une culture où chacun peut élaborer son identité, son histoire et se projeter dans l’avenir.

Son usage porte l’empreinte d’un ensemble de valeurs et de pratiques sociales. Vivante, la langue s’élabore sans cesse, emprunte du vocabulaire à d’autre langues et nous rappelle qu’elle ouvre à chacun la possibilité d’innover dans sa pensée comme dans son expression. Une langue n’est pas du tout un but en soi.

Une première indication concerne donc les langues du coeur

La langue maternelle, si elle est identique à la langue scolaire, est la première langue à apprendre et à soigner.

Une deuxième indication concerne également les langues du coeur

De nos jours il y a de nombreuses familles bi- ou multiculturelles, dont les racines ne se trouvent pas ou seulement partiellement dans le pays dans lequel leurs enfants sont scolarisés. Donc la / les langue/s originaire/s de la famille, d’où qu’elle vienne, sont un énorme enrichissement pour l’enfant, à condition de les apprendre correctement, l’oral et l’écrit. De cette sorte l’enfant peut grandir sur la base de deux ou plusieurs cultures, ce qui est de toute façon un enrichissement qu’il ne faut surtout pas sous-estimer.

Une troisième indication

Les langues de la raison, c. à. d. la langue du ou des pays voisin/s. Dans sa vie scolaire ainsi que dans sa vie professionnelle l’enfant fera certainement ses premières expériences en matière d’autres cultures et d’autres langues avec le/s pays voisin/s du pays dans lequel il grandit : échanges scolaires, échanges dans le cadre du / des jumelage/s de sa commune (l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, l’Office Germano-Polonais pour la Jeunesse et les projets de coopération entre ces Offices, l’Etablissement Franco-Algérien pour la Jeunesse qui est en préparation, l’Europe pour les Citoyens…), échanges dans le cadre de sa formation professionnelle et ses études (Erasmus + …).

L’enfant a donc toutes les chances d’acquérir des bases solides (parlées et écrites) dans les langues de la raison, et ceci pour sa vie émotionnelle autant que pour sa vie professionnelle. Les possibilités sont multiples et l’une plus enrichissante que l’autre.

Et une quatrième indication

La langue de communication. Au Moyen Age la « lingua franca », la langue de communication en Europe était le latin. De nos jours, dans nos contrées, c’est l’anglais qui a repris cette fonction. Dans d’autres régions du monde il y a encore d’autres langues de communication. Généralement la langue de communication n’est pas la langue qu’on domine le mieux, mais on y a de solides bases (plus la terminologie nécessaire à l’exercice de sa profession). Cela ne permet pas vraiment de mener des discussions approfondies sur Shakespeare avec une personne originaire de Grande Bretagne, mais cela permet des discussions professionnelles absolument correctes avec des représentants du même groupe professionnel venant d’un grand nombre de pays du monde.

C’est naturellement aux parents et à leurs représentants organisés dans des comités de parents d’élèves, dans des associations culturelles, dans des associations et comités de jumelages … de demander à l’Education Nationale l’enseignement des langues qu’ils considèrent comme les plus importantes pour leurs enfants.

Mais rien n’empêche que dans la vie des priorités changent et qu’à un certain moment une langue de la raison ou une langue de communication devienne également une langue du cœur. Et c’est à ce moment-là que l’investissement, l’effort investi dans l’apprentissage des langues porte tous ses fruits.


La FAFA fait un gros travail de promotion de l’allemand à l’école et hors de l’école

 

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