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Du côté des clichés

Le « Osterhase »

17.4.2014 Du côté des clichés 12 Commentaires

Le « Osterhase »

ou

Les allemands croient qu’à Pâques les lièvres pondent des oeufs !

Der Osterhase, le fameux « lapin de pâques » des Allemands est un lièvre (lapin se dit Kaninchen) !… Les bons germanistes et autres adeptes de la théorie du genre auront bien sûr remarqué le masculin. Le lapin de pâques est donc un lièvre mâle qui pond des oeufs !

C’est à l’aune de ces incongruités d’outre-Rhin que l’on peut juger de la qualité de l’enseignement zoologique et biologique dispensé aux petits Français par l’école-républicaine-publique-et-laïque-gratuite. En effet, le cartésianisme de la France catholique s’en tient aux faits, rien qu’aux faits : c’est bien une pluie d’oeufs que les cloches des églises parties à Rome déverseront sur nos riantes campagnes printanières au cours de leur vol de retour à la fin de la Semaine Sainte. Voilà qui est limpide et parfaitement logique.

Non content de les pondre, le Osterhase peint ses oeufs dans son atelier au fond de son terrier, une sorte de réplique pascale de celui de ce gros bonhomme rouge, joufflu et barbu, lui aussi une créature de l’imaginaire germanique (voir dans cette même rubrique le remarquable article consacré au mythe du Père Noël, figure dérivée du dieu Wotan).

Qui plus est, le Osterhase a découvert la bipédie, parle et semble doué d’intelligence. C’est dans une hotte de vigneron qu’il va emporter ses oeufs – miraculeusement transformés en chocolat et massepain – pour aller les distribuer, ou plutôt pour aller les cacher dans les jardins (sous les meubles, dans les fonds de fauteuil, au pied des plantes en pot… quand Pâques est trop précoce, trop neigeux ou trop pluvieux).

C’est proprement pervers : il vient nous offrir des oeufs, mais il les cache. Allez y comprendre quelque chose. Nos bonnes vieilles cloches catholiques, elles au moins, elles arrosent large et sans autre discernement que celui de leur infinie charité.

Au matin de Pâques on lâche les chères têtes blondes dans le jardin (ou dans le salon), munis d’un petit nid d’osier et garni de fausse herbe verte en papier. C’est dans ce nid  qu’ils collecteront les oeufs qu’ils rapporteront triomphalement, histoire de bien montrer qu’ils sont plus malins que le lapin… ou le père (?) qui les avait caché.

Mais où les Allemands vont-ils chercher tout ça ?

Albrecht Dürer, Le Lièvre,

Le Lièvre d’ Albrecht Dürer

Autrefois, on assimilait le lapin printanier à la fertilité espérée en début de période de semailles et de plantations. Chauds – sans doute en raison de la douceur moelleuse de leur pelage – les lapins se mutliplient assez facilement. Mais dans nos cages campagnardes ce sont des lapineaux qui sortent du ventre des femelles.

Quant à l’œuf, il symbolise la germination du printemps que les vieux Germains saluaient en mangeant force oeufs en honneur de la déesse Eastre (cf. easter pour Pâques en vieux saxon et donc aussi en anglais). Tout logiquement, le lièvre était l’animal emblématique de la déesse.

Aujourd’hui, les Allemands poussent le vice jusqu’à garnir leur maison et leur jardin d’arbres de pâques ou bouquets de branches de pâques. On y pend des oeufs multicolores, comme des boules dans les sapins de Noël.

Cela dit, il faut savoir que nous revenons de loin : autrefois, en Westphalie, c’était un renard qui apportait les oeufs, en Bohême un coq et en Thuringe une cigogne. Pouvez vous imaginer que certains Suisses osaient même attribuer les oeufs au coucou ? A propos de coucou, quand les Germaniques se promènent dans la forêt printanière et qu’ils y entendent le premier coucou de l’année, ils font sonner leur monnaie dans leur poche en formulant le voeu que l’argent se multiplie. C’est sans doute à l’origine du fameux miracle économique allemand.

Mon Dieu, mais où les Allemands vont-il chercher tout ça ?


12 Commentaires

  1. René Soulé-Péré dit en

    Moi qui ai vécu toute mon enfance en Beauce, j’ai entendu de la bouche de mes grands-parents que lorsqu’on entendait le coucou chanter pour la première fois il fallait avoir de l’argent sur soi pour en avoir toute l’année.

    • Hans Herth dit en

      La Beauce est pays plat ouvert à toutes les influences… Ou bien, peut-être, est-ce là un témoignage de notre vieux fond culturel européen commun : païen avant tout ! Vive l’Europe !

  2. Mary dit en

    Erreur! Les lapins de Pâques ne pondent pas les oeufs! Tous les enfants allemands le savent! Les lapins les achètent aux poules qui pondent plus d’oeufs à Pâques pour faire des affaires. C’est peut-être là l’origine du miracle économique allemand?

    • Hans Herth dit en

      Et comment se fait-il que vous ne soyez pas membre de la FAFA ? Il me semble que nous avons besoin de vous et vous, de nous. Non ?

      • Alice dit en

        Bien sûr! De même que les coqs ont besoin des poules et reciproquement les poules ont besoin des coqs . Car ils ont besoin d’elles (d’ailes) et elles ont besoins d’eux (d’oeufs)…

          • en fait de lapin de Pâques, , der Hasel(el lièvre) ; N’oublions pas que la femelle du lièvre, la hase , en français est très féconde puisque le phénomène de superfétation , la rend féconde même en ayant déjà mis bas. l’abondance des lièvres au printemps (bouquinage): Balzzeit n’est il pa sà l’origine de ce mythe du lièvre de Pâques cachant les oeufs des poules colorés pour le stratagème afin que maître goupil ne vienne pas dévorer la futures pprogéniture/ N’oublions pas le Carême où les oeufs ne sont pas considérés comme interdits et aussi les diverses méthodes de conservation des oeufs pour l’époque , d’où peut être leur coloration; l’oeuf apparaît en premierlieu dans les tombes égyptiennes et leur symbolique ( tombe et naissance rejoint aussi cette légende que l’on peut tout à loisir conter à des enfants de 6ème pour expliquer que l’arbre de vie (Osterbaum) est aussi un moyen de célébrer pâques , la résurrection , le renouveau ; la seconde vie ou plus encore le printemps , autant de moyen de faire connaître les traditions au rythme des saisons;

      • Bernard dit en

        Je pense que nous travaillons dans la même direction. Cette année notre association est très active dans le cadre des manifestations qui ont lieu à Pontarlier (dans le département du Doubs) à l’occasion des 50 ans du jumelage entre Pontarlier et Villingen-Schwenningen (Forêt- Noire). Nous organisons deux cars pour que les habitants de Pontarlier et de sa région puissent se rendre dans leur ville jumelle.
        A titre personnel, je fais aussi partie de l’A.D.E.A.F. (association pour le développement de l’allemand en France).
        Félicitations pour ce que vous faites! Cela nous encourage.

  3. Christoph Woike dit en

    Merci pour ces précisions concernant la bonne traduction du Osterhase (Hase = lièvre). En revanche, qui a dit que c’est le ‘Osterhase’ qui ponderait les oeufs ? Il les distribue, un point c’est tout.
    Mais qui vous a mis le « Massepain’ dans le nid (ins Nest gesetzt = bonne expression allemande )? Je me bats contre cette ‘ c….ie » inscrite sur les étiquettes de chez LIDL, car il s’agit de PATE D’AMANDE, m’avez-vous compris ?
    Fröhliche Ostern, Joyeuses Pâques !

    • Hans Herth dit en

      Effectivement, vous avez bien raison de nous rappeler que le lièvre ne pond pas d’oeufs et qu’il ne fait que les « distribuer ». Je vois que votre sens de l’humour ne vous fait pas perdre le Nord. Et merci de nous avoir tous éclairé. Un peu plus et on y croyait – comme les Allemands – que le lièvre pond des oeufs pour Pâques.
      En ce qui concerne le massepain, j’ai pris bien soin de vous comprendre. En effet, le massepain est un mot français (dérivé du mot italien « marzapane », peut-être même du persan « märzäban ») qui ne désigne rien d’autre que… la pâte d’amande (voir à ce propos l’excellent article de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Massepain.
      Je vous comprends donc, mais ne vous suivrai donc pas dans votre noble combat contre un… moulin à vent.
      Peut-être cela vous allègera-t-il d’une raison parmi d’autres de haïr l’abominable LIDL.


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