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Achives A propos...

…de la fin des librairies allemandes de Paris

5.1.2015 Achives A propos... 6 Commentaires

Prochainement dans Paris, l’une des plus grandes capitales du monde, une conurbation de plus de 12 millions d’habitants où fleurissent des commerces improbables ailleurs, dont de nombreuses libraires spécialisées que vous ne trouverez nulle part ailleurs, il n’existera plus une seule librairie allemande !

Pourtant, voici quelques années encore, Paris n’en comptait pas moins de trois. Mais, à peine passé le cap des 50 ans du Traité de l’Elysée, en pleine amitié franco-allemande,… patatras, nous voilà sans lieu où humer de belles pages reliées en lin, fouiner dans un rayon « Reclam », dénicher quelque CD ou DVD introuvable ou chercher les incontournables Struwelpeter et Max und Moritz,…

Marissal ferme faute de rentabilité et Buchladen pour cause de départ en retraite.

Certes, les librairies dans leur ensemble sont de plus en plus souvent menacées par les nouvelles formes de distribution via internet. Il pourrait donc paraître logique que certaines d’entre elles, très spécialisées, déposent plus tôt que les généralistes la clé sous la porte.

Mais les librairies de littérature étrangère ne sont pas – ou ne devraient pas n’être – que des lieux où acheter des livres. Elles sont aussi des points de contact indispensables pour se familiariser plus globalement avec une autre culture, pour pénétrer un autre monde littéraire. En ce sens, elles ont le statut d’institution culturelle parallèle à celles qui représentent officiellement les grandes nations culturelles. C’est pourquoi il serait difficile de s’imaginer, par exemple, qu’à Paris la librairie polonaise du Boulevard Saint-Germain ferme ses portes ou, pire encore, que Shakespeare & Co et Brentano’s soient désertées.

Et pourtant, il n’y aura bientôt plus aucune librairie allemande à Paris.

Dès les années 80, avec la fermeture du « Roi des Aulnes » de Nicole Bary, Paris avait déjà perdu le dernier lieu habité de la vie littéraire de langue allemande à Paris, sur la rive gauche, dans le « tout Paris » intellectuel et universitaire. Depuis lors il restait trois magasins de livres allemands (et de traductions) sur la rive droite (dont un dans le Marais, lui aussi fermé voici quelques années).

Bien avant le « Roi des Aulnes« , les plus âgés d’entre nous se souvennent de l’antre de Martin Flinkers, quai des Orfèvres. Ils y ont écouté ses conseils de lecture, vibré à sa lecture à haute voix de quelque page exceptionnelle en langue allemande. Ce lieu unique, historique et magique, était chargé du souvenir de tous ceux qui l’avaient fréquenté : Elias Canetti, Thomas Mann, Robert Musil, Hermann Broch, parmi tant d’autres. En comparaison, les quelques librairies allemandes au tournant du XXIe siècle étaient juste des commerces, simplement des repères coutumiers du franco-allemand parisien, sans aura, sans passé,.. et maintenant sans avenir.

Cette lente agonie par paliers successifs nous dit peut-être autre chose, quelque chose de bien plus grave encore : au fond, la littérature allemande n’a jamais vraiment fait recette en France. Cette petite affaire d’une micro-élite de germanistes distingués est l’autre façon de prendre la mesure d’un mur d’indifférence qui sépare la France du monde germanique. S’il existe une proximité française, une sorte de rapport naturel avec le monde latin et anglo-saxon, le Rhin est, pour sa part, une frontière entre deux mondes vécus comme étrangers l’un à l’autre. Le rapport à l’Allemagne et à l’allemand reste pour le plus grand nombre une sorte d’abstraction, quelque chose qui concerne les autres, les forts en thème, les amateurs de Wagner, les directeurs de filiales commerciales allemandes en France, les traducteurs,…. Le « vécu » allemand de la majorité des Français – hormis la vogue des voyages à Berlin qui est encore aux touristes ce que Tokyo Hotel a été à la jeunesse – se résume au spectre du nazisme, de la Prusse de Bismarck et de Guillaume II, aux insupportables modèle et contre-modèle proposé par les orateurs politiques, ainsi qu’aux journées annuelles et fériées des 4 mai et 11 novembre.

La langue est « dure » et « gutturale », le pays est plat, froid, humide, gris, froid et sans grand patrimoine. Reste peut-être l’Autriche,… dont beaucoup pensent que l’on y parle l’autrichien. Bien sûr, il y a aussi Romy Schneider, les footballeurs, les BMW et Mercedes. « Pour la mécanique, les Allemands sont forts« …

Si vous croyez que c’est exagéré, vous avez sans doute raison. Mais si vous pensez que cette caricature est fausse, vous êtes naïfs (*).

A nous, associations franco-allemandes, de tenter et re-tenter patiemment de briser cette image que nous renvoient les sondages annuels tout comme les brèves de comptoir des bistrots. Ne nous endormons donc pas sur nos lauriers.


(*) Voici quelques années, Nicolas Sarkozy interpellait un parterre de militants UMP avec cette phrase terrible : « Est-ce que vous iriez passer vos vacances en Allemagne, vous ?« …. Quelle amitié pour l’Allemagne ?

 


6 Commentaires

  1. Janny dit en

    Dazu kommt hinzu, daß diese kleine französische Germanistengemeinschaft verschwindet, weil die sprachlichen Grundkenntniße um beim franz. Abitur eine anständige Note zu erreichen, weit davon entfernt sind, das lesen eines Buches zu ermöglichen.

    • Hans Herth dit en

      Ja leider. Man hat aus dem Deutsch eine Art hartes « Straffach » gemacht (vielleicht gerade wegen der Fremdartigkeit des Deutsch für die Franzosen), dessen Schwierigkeit nur die Besten bewältigen können. C’est le serpent qui se mord la queue. Es fehlt der Affekt zur Sprache… und zum Land. Als Deutscher in Frankreich begegnet man dieser Gleichgültigkeit -manchmal sogar einer gewissen Verachtung – mit sehr gemischten Gefühlen.

      • Hernandez dit en

        Bonjour Hans,
        Selbstverständlich tut mir das endgültige schliessen von MARISSAL schrecklich leid.
        Ein grosses stück meiner jugend verschwindet mit ihr…
        Ich möchte aber auf deinen ausdruck « straffach » reagieren.
        Als deutschlehrerin in Paris weiss Ich wohl, wovon du redest. Es ist aber die meinung der allgemeinen dummköpfe!!!
        Es gibt wenige schüler, die deutsch lernen können, weil man seit über zwanzig jahren « sparen » will.
        Als erste haben die fâcher darunter gelitten, die kein pfichtfach sind. So war es mit russisch, italienisch usw.
        Über deine erfahrungen als deutscher in frankreich, kann Ich dir sagen, es war auch oft schwer, als französin in deutschland…
        Verallgemeinern sollte man aber nicht.
        Ich möchte dafür einen hauch von optimismus und zufriedenheit wehen lassen.
        Ich habe auf meinem gymnasium keinen freien stuhl mehr!
        Nach vier jahren sind meine schüler mit dem « unheimlichen » deutschland und dessen harte, gar nicht erotische, sprache verwandt.
        Sicher weil ich schon immer mein fach als leidenschaft und nie als strafe betrachtet habe!!
        Aimer l’allemand est possible et impossible n’est pas français 🙂

  2. Jürgen dit en

    Als frankophiler Buchhändler in Deutschland bin ich geradezu « scandalisé », wenn ich von der Schließung kleiner Buchhandlungen lese! Wieder etwas weniger Vielfalt…. Aber liebe « Kunden », unterstützt die kleinen auch!
    – Und was können wir tun, um die zwei Sprachen im « Herz von Europa » attraktiv zu machen? Ich kenne eine frz. Lehrerin, die neben dem normalen Schüleraustausch auch jedes Jahr ein Dutzend Schülerpraktikanten zu uns nach Deutschland schickt. Nach 10 Tagen plappern die, als ob sie schon immer hier gelebt hätten. Und so manche Freundschaft blieb erhalten. Danke Catherine ! Solche Idealisten, wie auch in der VDFG, brauchen beide Länder. Dann klappt’s auch mit dem Nachbarland. 😉


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