Perspectives
Commémorations de la Grande Guerre
La nécropole franco-allemande de Bertrimoutier, commune des Vosges (France). Au premier plan, la moitié allemande (auteur : Cham / 3 mai 2006)
2014 va marquer le début de quatre années de commémorations franco-allemandes – et européennes – du Centenaire de la Grande Guerre.
L’ensemble du monde associatif franco-allemand s’interroge sur ces quatre années de nécessaire commémoration et craint le retour de réflexes hostiles à l’opposé de ce franco-allemand heureux du cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée. N’y aura-t-il pas matière à creuser de nouvelles tranchées idéologiques là où nos associations avaient patiemment contribué à les combler ? Nous faut-il bouder la succession des dépôts de gerbes, de sonneries aux morts et de drapeaux inclinés devant la liste des morts ?
En réalité, la question se pose dans les termes suivants : comment accompagnerons nous, nos associations et les Jumelages, cette période incontournable, dans une perspective franco-allemande et de conserve de part et d’autre du Rhin ?
A ce titre, rappelons qu’à l’origine et dans la nature même de nos associations, il y a le souvenir des massacres inhumains de cette première moitié du XXe siècle : leur ampleur et leur monstruosité avaient fait naître dans toute l’Europe – et en particulier chez les Français et les Allemands – l’espoir d’une paix européenne définitive, un retour à la paix qui transcende la dimension du national. Les graines de paix déjà semées pendant et après 14-18 par les sociétés civiles ont d’autant plus fortement germé après 1945 que la catastrophe allemande du nazisme et du fascisme européen les en avaient un temps empêchées. Il nous faut nous souvenir que le franco-allemand est né au coeur de cette guerre comme la réponse au massacre.
Nos retrouvailles après la seconde guerre mondiale, celles que nos sociétés civiles ont su organiser et faire vivre et qui ont été consacrées par le Traité de l’Elysée, étaient riches des témoignages et vérités exprimées au coeur de la tragédie de la Grande Guerre, celles des combattants et des survivants des tranchées autant que celles des pacifistes, des objecteurs de conscience, des révoltés fusillés sur le front, des artistes et penseurs exilés, des politiques de tous bords qui dès 1918 ont tenté de résister aux tentations de la revanche, sans oublier les militaires qui ont géré le passage à la paix. Aristide Briand, Romain Rolland, Thomas Mann, Georg Grosz, le mouvement Dada,… pléthore de noms surgissent qui tracent les contours d’un programme culturel qui devra nous unir dans la commémoration de ce centenaire.
Nos associations devront accompagner la mémoire des affrontements pour magnifier une paix trop souvent banalisée dans quotidien du franco-allemand. Il nous faudra cultiver le souvenir des sacrifices des combattants et de leurs victoires pour magnifier toutes les résistances à l’idée de guerre qui ont toutes contribué à fortifier notre paix actuelle.
En particulier, tous acteurs de la société civile franco-allemande doivent pouvoir s’associer avec les organisations franco-allemandes des militaires français et allemands et tous ceux qui leur sont associés, dont les anciens combattants et les très nombreux jeunes qui se dévouent de part et d’autre aux soins des tombes des victimes, etc.
Ce sera également l’occasion de prendre toute la mesure du rôle qu’ont joué les militaires français en Allemagne, des multiples liens solidement tissés durant plus de 50 ans de présence française dans les villes et les villages d’Allemagne du Sud-Ouest. Nombre d’officiers, de sous-officiers et de soldats français ont co-animé une véritable vie commune franco-allemande dont beaucoup d’Allemands gardent la nostalgie. De retour en France, ils étaient souvent les initiateurs de nos jumelages et même nombre de leurs enfants maintiennent le contact. Au moment où ce demi siècle de quasi intimité franco-allemande pourrait tomber dans l’oubli, l’organisation commune de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre servira aussi à faire revivre cet aspect humain du « couple » franco-allemand.
Pour prendre contact aux plans nationaux, régionaux et locaux avec toutes les organisations et personnalités militaires, vétérans, réservistes et associés qui participeront de près ou de loin aux commémorations et explorer les conditions et possibilités d’actions concertées, prenez contact avec le Bureau National de la FAFA (voir à « contacts« )
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